Le syndrome de l’imposteur
photo : courtoisie MCC
BLOGUE CRUL / par Marie-Christine Chartier • posté le lundi 18 janvier 2021
Le syndrome de l’imposteur
Dans ma vie, je me suis souvent sentie à ma place, surtout à l’école. Je me considère chanceuse et choyée, parce que ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir une facilité d’apprentissage à l’école et je l’ai toujours eue. Il y a plein de contextes où je me suis sentie moins à mon aise, mais je n’avais pas cru que l’école serait l’un d’eux.
Avance rapide jusqu’au début de ma maîtrise. Alors que j’avais toujours excellé en contexte académique, je me suis retrouvée complètement démunie, dans les premières semaines de mes cours, car le langage utilisé n’était pas commun pour moi. J’entendais les professeurs parler de posture épistémologique, de constructivisme, de paradigmes de recherche, et j’imaginais très bien mon visage en un énorme point d’interrogation. Ce qui exacerbait ce sentiment de ne pas être à ma place c’était que tous autour de moi semblaient complètement à l’aise avec les terminologies, avaient l’air de suivre tout ce qu’on nous demandait de faire, ne semblaient pas paniqués devant les tonnes de lecture qui nous tombaient sur la tête, chaque semaine.
Puis, un jour, j’ai parlé à mes collègues. Ouvertement, avec honnêteté et sans façade de fille au-dessus de ses affaires. Autour d’une bière, après un cours du soir, on a tous ri en réalisant combien chacun d’entre nous pratiquait ardemment le fake it ‘till you make it, alors que nous n’avions collectivement pas la moindre idée de ce qui se passait. On a ri, beaucoup et, éventuellement, ensemble, dans cette ambiance d’ouverture, nous avons appris à discerner les termes et nous avons pu dire à la prochaine cohorte : « Ça finit par entrer, ça finit par avoir du sens. Vous êtes à votre place. »
Je pense sincèrement que l’ennemi de la réussite en contexte académique, c’est la solitude; c’est l’isolement, c’est penser qu’on peut, ou encore qu’on doit y arriver tout seul. Ceci est d’autant plus vrai maintenant, alors que la majorité des cours se donnent en ligne. C’est pourquoi il est d’autant plus important de saisir chaque opportunité de « connecter » avec ses collègues, peu importe la méthode utilisée pour établir ces relations. Parce que s’il y a bien quelque chose que je sais aujourd’hui, après près de cinq ans aux études graduées et une maîtrise derrière la cravate, c’est que ce qui peut sembler une montagne impossible, se monte toujours mieux à deux, à trois, à dix. Que tout le monde se questionne, un moment ou un autre : « mais qu’est-ce que je fais ici?». Et c’est à cet instant qu’il est important d’avoir un réseau de pairs vers qui se tourner.
Selon moi, il n’existe pas de manière plus saine de contrer le sentiment qu’on n’est pas à la bonne place, que de parler à d’autres gens qui se sentent comme nous, qui vivent exactement ce qu’on vit. En fin de compte, ce sont les gens qui nous font sentir bien, pas le nécessairement le contexte. Le contexte, on en fait ce qu’on veut, on le modèle à même nos mains, tous ensemble.