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Actualité

Semaine de la sensibilisation

photo : courtoisie MCC

BLOGUE CRUL / par Marie-Christine Chartier • posté le mardi 2 février 2021

 

Semaine de la sensibilisation

Ça a commencé avec un selfie dans le miroir. Anodin, right? Laissez-moi vous expliquer. Je me trouvais belle, sur mon selfie. Mince, cute, toute. Rien de bien révolutionnaire là-dedans, me direz-vous peut-être?

L’affaire, c’est que j’ai mis des années à me rendre là.

Il fut un temps où j’étais plus mince que ça encore. Mince dangereux. Mince, je checke ce qu’il y a sur le menu au resto, avant d’y aller. Mince, je jette un vieux napkin dans mon assiette pour éviter de la finir. Mince, je mets pas de sucre dans mon café, parce que c’est trop de calories. Mince, une matante me dit : « wow, t’aurais vraiment besoin d’un burger pis d’une bonne poutine, toi hein.»

Nenon, Ginette. J’avais besoin de tout sauf ça.

Des années à manger des salades, midis et soirs. Deux ans : j’ai compté. Ça fait ben de la laitue, ben des tomates, ben des gaz (oui, j’te parle de mes flatulences, attache ta tuque pour la suite). Ben de la faim aussi. Toujours la faim et le manque et la culpabilité. Un bel amalgame pour te scrapper une vie.

Je vous en parle aujourd’hui, parce que c’est la semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires. J’ai un peu de la difficulté avec ça : les journées #BellCause, les semaines de sensibilisation. Un moment, puis poof, l’oubli. J’aimerais ça que ce soit constant. Mais c’est mieux que rien.

Ma bibitte à moi, c’est les troubles alimentaires. C’est tough, parler de ça. C’est encore plus difficile de le comprendre. C’est de la gymnastique mentale pas facile que de s’imaginer comment une personne peut se regarder dans le miroir et y voir une personne complètement différente. Comment cette personne peut en venir à se détester, à penser que tout serait mieux si seulement elle était un peu plus mince, à concentrer sa vie autour de ses repas, à vouloir, peu à peu, disparaitre. Et pourtant, ça arrive tellement souvent. C’est difficile de concevoir comment le cerveau se rend là. Comment il finit par se sortir de là, aussi. Parce que ça arrive.

Je sais qu’il y a plein de façon d’aller mieux. La psychothérapie, les médicaments, les ami.e.s, la famille. Pour moi, ça a été un beau gros mix de tout ça, mais surtout, les nutritionnistes. Des amies en premier, mais surtout des professionnelles, qui m’ont expliqué que mon rapport à la bouffe était faux, que tous les liens que j’avais passé des mois, des années, à créer, n’était en fait que ça, des créations de ma tête pour me restreindre, pour me contrôler.

Ça me prenait ça : les gens de notre entourage ne peuvent pas nous expliquer exactement comment ça fonctionne. Ce n’est pas de leur faute : ils ne comprennent pas. Et c’est tellement, mais tellement une bonne chose qu’ils ne comprennent pas, que ça ne les afflige pas. Sauf que se faire dire : « Ben non t’es pas grosse voyons donc, arrête. » Ce n’est pas ça, du soutien. Ça prend tellement plus. Désolée.

C’est pour ça que les psychologues sont là. Et les nutritionnistes aussi. D’ailleurs, une nutritionniste, ce n’est pas une personne qui nous dit quoi manger et surtout quoi pas manger. C’est surtout une personne qui peut te montrer comment la bouffe, c’est juste ça. De la bouffe. Que ce n’est pas obligé d’avoir un pouvoir, une emprise, sur la personne que tu es. Ça semble simple, dit de même, mais c’est un accomplissement hors pair de faire entrer ça dans la tête de quelqu’un qui voit chaque aliment comme une menace.

Ce n’est pas encore toujours facile, ma relation de moi à moi. Parce que c’est de là que ça part. Pas de la frite ou du gâteau ou même du brocoli. Ça part de moi. Y’a encore des jours où j’ai de la difficulté. Où je demande à mon chum s’il me trouve gigantesque. Mes mots le font capoter. C’est normal. Je sais qu’il essaie de comprendre, même si lui et moi, on ne voit pas toujours la même fille dans le miroir.

Donc, oui, y’a des jours où je me sens coupable, moins belle, moins toute. Mais y’en a de moins en moins. Et puis y’a des jours comme aujourd’hui, où je prends un selfie dans le miroir, pis j’me trouve sharp. Pis mon dieu que c’est beau et important, des moments comme ça.

Et ce qui est encore plus important, c’est qu’on cause de ça, à longueur d’année.

 

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SEMAINE NATIONALE DE SENSIBILISATION AUX TROUBLES ALIMENTAIRES

DU 1ER AU 7 FÉVRIER 2021